La gabegie de l'IA : Le grand festin se prépare-t-il ?
PARIS — Le plan « Osez l’IA » est la réponse de la France à l'un des plus grands défis de notre époque. Doté d'un budget colossal de 200 millions d’euros jusqu’en 2030, ce dispositif est censé propulser nos entreprises vers l'avenir. Mais pour le journaliste d'investigation, chaque grande promesse de l'État a son revers, son point faible. C'est ici que l'histoire se répète, sous le nom de la gabegie. La question n'est pas si l'IA va nous échapper, mais si l'être humain, dans sa cupidité, ne va pas, une fois de plus, s'accaparer les fonds publics à son profit personnel.
Chapitre 1 : L'Histoire de la main dans le sac âś‹
Les antécédents de la gabegie en France ne manquent pas. De la défiscalisation aux aides écologiques, l'intention louable s'est trop souvent heurtée à une réalité moins vertueuse.
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La défiscalisation, le détournement en toute légalité.
Conçue pour encourager des investissements utiles, elle a été maintes fois détournée. Des audits parlementaires ont montré que les lois de défiscalisation ont parfois été utilisées pour financer des biens de luxe ou des dépenses n'ayant rien à voir avec l'objet initial de l'aide. L'argent, qui devait servir l'intérêt collectif, a fini par enrichir un petit nombre, sans réel bénéfice pour l'économie.
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Les aides carbone et le greenwashing.
L’État finance des bilans carbone à hauteur de 80 % pour les entreprises, et débloque des millions d'euros pour les projets de décarbonation industrielle. Mais l’objectif de cette manne est parfois dévoyé. Des sociétés s'en servent pour décrocher des subventions, tout en se contentant de faire du marketing "vert" sans engagement réel. C'est la gabegie à la sauce écologique : beaucoup de communication et de profits pour les intermédiaires, peu d'actions concrètes sur le climat.
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Les Panama Papers, la quintessence de la cupidité.
Même si ce n'était pas une aide publique, le scandale des Panama Papers, qui a révélé comment des personnalités et des entreprises ont dissimulé des milliards d'euros pour échapper aux impôts, est un exemple flagrant de la cupidité humaine. En dépit de l’ampleur du scandale, la plupart des inculpations ont abouti à peu de condamnations, prouvant la difficulté à combattre ces systèmes de détournement à grande échelle.
Ces exemples nous rappellent une chose essentielle : le problème ne vient pas de l'outil (la loi, la subvention, ou la technologie), mais bien de la main qui le manipule. L'IA, comme tout autre outil, est neutre. C'est l'homme qui en fait un instrument de progrès ou de profit personnel.
Chapitre 2 : Les Signes annonciateurs de la gabegie numérique 💻
Le plan « Osez l’IA » pourrait bien être le prochain terrain de jeu de la gabegie. Avec des mesures concrètes comme la mobilisation de 300 ambassadeurs, la formation de 15 millions de professionnels, et des subventions pour 5 000 diagnostics « Data-IA », le programme est attrayant. Mais les mécanismes de détournement sont déjà en place.
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Les diagnostics et l'effet d'aubaine
Les diagnostics « Data-IA » cofinancés à hauteur de 40 % pourraient créer un marché de prestataires peu scrupuleux, vendant des services standardisés et des rapports sans réelle valeur ajoutée. L'aide sert alors moins à innover qu'à financer un écosystème qui s'auto-alimente.
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Les appels Ă projets
Avec des fonds allant de 100 000 € à plusieurs millions d’euros, ces appels (« usages de l’IA générative », « Pionniers de l’IA ») pourraient attirer des entreprises plus motivées par la subvention que par l'innovation réelle. La course aux financements risque de l'emporter sur la recherche de solutions efficaces.
Le risque, c'est que l'IA devienne un simple prétexte pour capter de l'argent public, sans réelle redistribution des bénéfices. Les bénéficiaires seraient alors une poignée d'initiés, et non l'ensemble des TPE et PME ciblées par le plan.
Conclusion : La réponse est en nous (et dans l'IA) ✨
Le plan « Osez l’IA » est une initiative nécessaire et audacieuse. La menace ne vient pas de la technologie elle-même. La vraie question est de savoir si l'homme, depuis la nuit des temps un loup pour l'homme, saura cette fois-ci faire preuve de sagesse.
Mais il y a une lueur d'espoir. Paradoxalement, c'est l'IA elle-même qui pourrait nous aider à lutter contre notre propre cupidité. Des algorithmes sophistiqués pourraient analyser en temps réel les flux financiers, détecter les anomalies, et garantir une traçabilité totale des subventions. L'IA pourrait devenir l'outil ultime de transparence et de gouvernance, un gardien impartial face à nos propres faiblesses.
Ce plan pourrait être une réussite. Mais pour cela, il faudra une vigilance sans faille, et peut-être aussi, un peu d'IA pour nous aider à devenir meilleurs.






